Pas une franche réussite cette expédition hivernale !
Pourtant nous étions douze (sans compter les porteurs), à partir à l’assaut de la Sainte en ce petit matin frisquet.
Déjà Gérard avait déplacé le camp de base du Collet Saint Pierre vers le parking de la Torque, augmentant de façon inconsidérée la marche d’approche. L’autre Gérard, fort d’une expérience passée, avait la veille déclaré forfait. Et enfin, pour corser les difficultés, l’expédition ciotadenne, s’est vue contrainte à un détournement vers Aix pour quelques recrutements improbables de sherpas.
Toujours est-il que ce n’est que vers 11 h 30 que les quatre cordées se retrouvent au pied du Bau des Vespres, paroi mythique universellement convoitée par les meilleures cordées mondiales : quatre cordées toujours perplexes quant au choix de l’itinéraire propre à assurer notre succès.
Pour en augmenter les chances, nous nous séparons en deux groupes d’attaque, espérant ainsi que l’un d’entre eux saura trouver le bon passage et permettre de vaincre la terrible paroi !
Pourtant, notre première longueur se déroule sous d’heureux hospices, au soleil et surtout à l’abri du redoutable blizzard qui s’époumone dans le grand couloir d’avalanches sur notre gauche.
Hélas, dès la deuxième longueur, nous voilà totalement exposés au vent insidieux, déstabilisant et qui nous donne très vite des doigts de »bois ».
Sur cette immense arête, nos deux cordées s’étirent, s’invectivent sans vraiment s’entendre, luttent, progressent avec obstination. Si nous sommes exposés aux rafales du vent, nous sommes par contre à l’abri des avalanches qui se succèdent dans le grand couloir où les hurlements du vent semblent s’acharner sur des voiles qui faseyent à grand bruit.
A notre gauche, les deux autres cordées, acagnardées dans un ultime rayon de soleil, sont immobiles au pied du grand bastion Est, interrogatives sous les grands surplombs.
Nous les abandonnons à leur errance, pour nous concentrer sur les derniers problèmes posés par notre progression chaotique, profitant de la moindre accalmie pour gagner de l’altitude.
Enfin, sous la crête sommitale nous préparons consciencieusement notre fuite sur les arêtes en corniches instables. Là bas tout au nord les cimes neigeuses s’étirent à l’infini : il faut fuir, tout séjour à cette altitude par un froid aussi destructeur serait notre perte. Survivre devient notre unique leitmotiv!
Les anneaux à la main nous nous précipitons vers le grand couloir, nous dévalons les pentes en ramasses incertaines, retrouvons les cordes fixes abandonnées par nos prédécesseurs, puis c’est la cascade de glace et ses chaînes prises par le gel. Nous voilà sur le semblant de trace de montée qui nous ramène au camp 1 et son confort tout relatif. Les autres expéditions réfugiées dans ce petit havre nous réconfortent…nous en avions grand besoin !
Après nous être frugalement restaurés, nous nous précipitons vers le camp de base où nous attendent nos deux autres infructueuses cordées.
Une demi réussite, une foulure ou peut être une entorse pour Marie paule , c’est le cruel bilan de cette première hivernale.
Un qui rigole c’est Gérard le marseillais.
Gaston
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